Portrait Agri'services : retrouver une entité à taille humaine

À bord de sa camionnette, Jérôme Lainé assure alors des réparations à domicile. Début 2022, il a ouvert son propre atelier, à Vimoutiers (Orne), et signé un partenariat avec Jean-Baptiste Caussade, directeur général de Vivagri.

« Durant mes 22 ans de carrière en tant que salarié, j’ai vu des concessions s’agrandir à très grande échelle jusqu’à s’éloigner de la dimension humaine, annonce Jérôme Lainé, à la tête de l’entreprise d’Agri’services, à Vimoutiers (Orne). Aujourd’hui, la plupart des jeunes dans ce secteur d’activité sont formés pour effectuer des diagnostics moteurs sans même savoir les réparer. La mécanique “de base” se perd de plus en plus. Je souhaite retrouver le goût d’une entreprise à taille humaine. »

Jérôme Lainé, issu d’une formation de mécanicien, commence sa carrière en 1997 en tant que salarié mécanicien d’une concession. Il occupe ce poste pendant douze ans avant d’évoluer chef d’atelier et, cinq ans plus tard, directeur support produit, une fonction qu'il exerce pendant cinq ans.

Au cours de ses 22 années de carrière, il a observé le manque constant d’expérience de ses mécaniciens.

« Souhaitant retrouver des entités à échelle humaine, je décide en 2019 de démissionner de mon poste et de lancer à mon compte l’entreprise Agri’services dédiée au dépannage à domicile, ajoute Jérôme Lainé. Sur un rayon de 40 km entre Livarot et Vimoutiers (Orne), j’observais un réel besoin de service après-vente de la part des exploitants agricoles, ce qui m’a conforté dans mon choix. J’ai acheté une camionnette et quelques outils, et je suis parti à la rencontre d’agriculteurs pour leur proposer mes services. »

Certains exploitants doivent parcourir près de 50 km pour se rendre à la concession la plus proche. Par manque de temps, ils sont en outre constamment à la recherche de compétences et de proximité. Le mécanicien itinérant voit donc son carnet de rendez-vous se remplir très vite, ce qui lui permet de compléter son outillage spécialisé et d’être plus à même de réparer toutes les machines. Son expertise du métier a su attirer deux autres passionnés de mécanique souhaitant quitter leur concession devenue trop industrielle à leurs yeux.

« Je n’ai jamais eu besoin de déposer des offres d’emploi. J’ai recruté par candidature spontanée. Toutefois, embaucher des personnes passionnées par leur métier devient de plus en plus rare », confie le chef d’entreprise.

Une collaboration enrichissante

« Le service après-vente à domicile a toujours été dans ma tête une passerelle pour m’installer, après deux à trois ans, dans un atelier. La constante demande client m’a permis de tenir mon objectif », annonce Jérôme Lainé.

En janvier 2022, il rachète le fonds de commerce de la concession agricole Ducastel, à Vimoutiers (Orne). Il s’installe sous le nom d’« Agri’services » en tant qu’agent autonome Case IH et Krone, avec la collaboration du groupe Vivagri. Celui-ci comptabilise dans la région normande 8 concessions Case IH et 7 autres sous la bannière Krone pour 82 employés, dont 50 mécaniciens.

« Vivagri ne souhaite pas travailler avec des agents qui dépendent de ses concessions. Nous préférons opter pour la collaboration, qui offre la liberté à chacun de nos agents d’être 100 % autonomes », indique Jean-Baptiste Caussade, directeur général de Vivagri.

Cette collaboration permet à Agri’services d’assurer le service Case IH et Krone en apportant des affaires à Vivagri pour la vente des tracteurs et machines. Elle permet également à Jérôme Lainé, débutant dans l’entreprenariat, de se sentir soutenu dans le business grâce aux différents échanges avec Vivagri sur l’évolution du commerce. De son côté, Vivagri s’assure un développement des ventes de machines sur des secteurs encore peu convoités. Lorsque son atelier sera suffisamment développé, Jérôme Lainé projette d’ouvrir une deuxième entité dans un secteur géographique normand, toujours en forte demande de service après-vente.

« Toutefois, pour conserver une affaire commerciale aux valeurs humaines, je pense qu’il faut se limiter à trois sites différents pour un dirigeant », conclut l'entrepreneur.